L'accessibilité, un prérequis pour l'e-inclusion
le par Sophie SchuermansLa fracture numérique est souvent expliquée par un manque de compétences ou de motivation du côté des utilisateurs. Le virage numérique peut être vu comme une menace par ceux-ci.
Pour d’autres personnes, en particulier les personnes handicapées, la numérisation de l’information est une chance. Des difficultés insurmontables dans le monde physique peuvent complètement disparaître dans le monde numérique. Ces personnes sont donc très motivées pour profiter au maximum des supports numériques.
Et pourtant, même lorsque les compétences et la motivation sont là, de nombreuses personnes handicapées se retrouvent dans l’impossibilité d’utiliser des services numériques. Le problème ne vient pas des utilisateurs mais des supports numériques qui ne sont pas accessibles à tous. Ce manque d’accessibilité est souvent causé par un manque de compétences ou de motivation chez les créateurs de contenus numériques.
C’est d’autant plus grave que le support numérique est souvent pour ces mêmes personnes la seule option disponible et que lorsque la technologie est bien utilisée elle peut supprimer beaucoup de barrières.
La technologie peut supprimer des barrières
Les progrès technologiques permettent aujourd'hui à presque tout le monde d’utiliser un ordinateur, tablette ou smartphone. Il est possible d’utiliser ces appareils avec sa voix ou avec le regard et bientôt même avec la pensée. Pour une personne qui ne peut pas tenir un bic en main ou parler au téléphone, ce type de technologie permet de communiquer et d’effectuer des actes de la vie quotidienne de manière autonome.
Le zoom sur smartphone est un outil précieux pour toutes les personnes dont la vue baisse avec l’âge. Un lecteur d’écran permet à une personne aveugle de naviguer dans une page web. Des applications comme Facetime facilitent la communication entre sourds. Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres.
Quand les moyens de communication utilisés sont adéquats, il n’y a pas de handicap, comme Sylvie et Sophie en ont fait l’expérience en communiquant par messages directs sur twitter.
Une aveugle qui communique via dm de twitter avec une sourde, trop cool! Pas besoin de signes ni d'interprètes! ;) cc cyberbaloo_
— Sylvie Duchateau (@sylduch) October 8, 2015
La situation crée le handicap
Une personne qui se promène avec un enfant en bas âge dans une poussette ne se considère pas en situation de handicap, jusqu'au moment où elle se retrouve face à une volée d’escaliers. Dans le monde numérique, c’est la même chose.
Une personne aveugle qui dispose d’un logiciel de lecture d’écran peut sans problème remplir un formulaire bien construit, mais ne pourra pas le soumettre s’il se termine par un CAPTCHA.
En utilisant une autre solution technique pour éviter le spam, le développeur peut faire en sorte de ne bloquer aucun utilisateur, mais uniquement des robots.
- Une campagne de communication basée uniquement sur des vidéos sans sous-titres ou interprétation en langue des signes empêche toutes les personnes sourdes d’avoir accès au message. En prévoyant le sous-titrage et l’interprétation en langue des signes dans le budget on s’assure que le message pourra être compris par tous.
L’utilisation du rouge, orange et vert uniquement pour indiquer par exemple les heures d'affluence d’un magasin, rend cette information inutilisable pour un daltonien. Les bons designers le savent bien, et s’assurent de ne pas utiliser que la couleur pour transmettre l’information.
- Le fait de désactiver le zoom sur un site web peut le rendre illisible sur un smartphone pour de nombreuses personnes.
- Un contenu en Flash handicape l’internaute qui n’a qu’une tablette sous la main pour le consulter.
La responsabilité des créateurs de contenu numérique
Les visiteurs d’un site web utilisent des outils différents, ont différentes manières de percevoir l’information et d’interagir avec votre site. Certains ont un handicap.
Il faut en tenir compte lors de la création d’un contenu numérique.
Accessibility isn't frosting on the cake. It's like the eggs. You have to put it in at the start, & it's a lot of work if you didn't. #gaad
— Sarah Bourne (@sarahebourne) May 21, 2015
Comme le dit Sarah Bourne, l’accessibilité ce n’est pas la cerise sur le gâteau. C’est plutôt comme les œufs. Il faut les ajouter au début, sinon c’est beaucoup plus de travail.
Les choix que font les responsables communication, les designers, les développeurs et les éditeurs de contenu peuvent vraiment créer des obstacles et effectivement mettre de nombreux internautes en situation de handicap, ou au contraire, faire en sorte que chacun ait la possibilité d’accéder au contenu.
Le dernier moniteur de l’accessibilité indique qu’à peine 15% des sites web belges sont utilisables pour les personnes handicapées. C’est beaucoup trop peu, et ce pourcentage n’évolue presque pas. AnySurfer propose des formations et de l’information pour aider toutes les personnes concernées par la conception de contenu numérique à faire de bons choix et à intégrer l’accessibilité dans le processus.
Conclusion
La Belgique est un des rares Etats de l’Union Européenne sans législation pour imposer que le monde numérique soit accessible à tous. Nous demandons aux responsables politiques de ne pas oublier cet aspect lors de l’élaboration de plans d’actions numériques.
Sans accessibilité, les compétences et les motivations des utilisateurs sont inutiles. Sans accessibilité, le virage numérique est une occasion ratée de donner à tous un accès égal à l’information et aux services. L’accessibilité est un prérequis pour l’e-inclusion.
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